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Fantasy d'ici et d'ailleurs

Il ne faut pas prendre les enfants du Bon Dieu...

2 Juillet 2014 , Rédigé par Alex Evans Publié dans #Humeur, #Trucs et astuces

Il ne faut pas prendre les enfants du Bon Dieu...

Ni des concept philosophico-religieux pour des éléments de décor. Non seulement ça fait cheap, mais il n'y a rien de tel pour semer de grosses incohérences dans votre histoire.

L'autre jour, je lisais un roman d'urban fantasy avec un scénario classique: un démon de l'Enfer recherchait sur terre un de ses collègues en fuite et allait interroger un sombre individu, dealer de drogue etc... Malheureusement, il le trouvait mort. Tout suggère qu'il a été tué pour l'empêcher de lui livrer des renseignements. Le démon est obligé de suivre une autre piste.

Situation classique dans un polar, me direz-vous. Sauf que au départ, vous avez décidé que l'Enfer existait et que votre enquêteur y travaillait. Or, l'âme d'un sale type mort, devrait atterrir en Enfer, non? Le démon n'aurait qu'à retourner à son QG, à moins qu'un de ses collègues ne l'appelle directement grâce à son téléphone mystique. Mais là, pas du tout. il va chercher une autre piste. En fait, tuer ce genre de témoin aurait été LA chose à ne pas faire si vous vouliez cacher ce qu'il savait aux démons. L'auteure a complètement oublié ce qu'était l'Enfer.

Autre exemple d'urban fantasy: l'héroïne, une nécromancienne diplomée, trouve le cadavre de sa copine qui a été massacrée par un mystérieux sadique. S'ensuit une enquête policière classique, avec indices, témoins et bien sur, un partenaire sexy et paranormal. Seulement l'auteure a pris la peine de préciser au départ que l'héroine est une nécromancienne. En toute logique, elle devrait commencer par invoquer l'âme de sa copine et lui demander qui l'a tuée! Remarque, dans un autre genre d'urban fantasy: si votre flic est un loup-garou à l'odorat surdéveloppé, il ne va pas s'en servir seulement pour sniffer sa copine, mais aussi dans son enquête.

Un troisième exemple est de voir quelqu'un massacrer un vampire à l'eau bénite. Il arrive même que le quelqu'un soit un pasteur protestant. Or, le concept d'eau bénite n'existe justement pas dans cette religion! Bref, si partez sur l'idée que l'eau bénie par un curé/pope etc... a un effet nocif sur les vampires, vous introduisez tout un système de pensée particulier dans votre récit. Au minimum, votre héros doit se la procurer quelque part. Surtout, si la prière que le curé a récité dessus marche, ça implique l'existence d'un Dieu de type catholique, si c'est précisément la prière d'un curé qui a marché... Sinon, il va falloir fournir une explication!

De même, si vous avez un Enfer avec des âmes damnées, ça implique un Paradis. Et encore une fois, un dieu de type judéo/chrétien/musulman, pas hindouiste ou vaudou. Et vos persos qui vivent dans cet univers où on croise des démons dans le supermarché, qu'est-ce qu'ils en pensent de la vie après la mort? On-t-ils envie d'aller en Enfer? Comment définit-on le Bien et le Mal dans ce monde? Bref, si vous introduisez l'Enfer tel qu'on le connait, un endroit où les âmes des pécheurs sont torturées pour l'éternité par des démons pervers, vous introduisez toute une série d'autres concepts avec.

A ce propos, vos démons vont alors avoir une définition de poste très stricte. Si un démon a le droit de tuer un humain comme ça lui chante, vous pensez bien qu'ils auraient déjà tué tout le monde, à commencer par les méchants, pour remplir l'Enfer, justement. Idem si vous leur donnez le droit de "trop" interférer dans les affaires humaines: ils auraient tôt fait d'éradiquer l'espèce en une guerre mondiale. Et allez-vous mettre des anges dans votre histoire? Quelle sera leur définition de poste à eux?

Et voilà. Vous pensiez écrire une jolie romance mâtinée d'enquête policière, vous vous retrouvez avec Dieu, le Bien, le Mal... et j'allais oublier: la Mort.

Ben oui, si vous avez des flopées de revenants réveillés par nécromancie, on se demande où ils étaient passés depuis leur trépas. Peut-on rappeler une âme de l'Enfer, justement? Les démons qui le gardent sont-ils aussi coulants que ça, ou y a-t-il des règles? Des contreparties? De plus, si vous avez un corps de nécromants/ devins professionnels capables de faire parler les morts à la demande de la Police, ça va complètement changer la façon dont les criminels organisent leur meurtres! Et votre héroïne nécromancienne, comme Dante Valentine, elle devrait avoir une philosophie de la mort un peu différente de celle d'une midinette, non? Peut-être même lui ferait-elle beaucoup moins peur qu'au commun des mortels.

Un autre exemple: votre héroïne n'a pas d'âme, comme dans "Le Protectorat de l'Ombrelle". À part être un truc utile et un peu facile pour expliquer qu'un vampire ne peut pas la manger, ça veut dire quoi? L'existence d'une "âme" a été inventé pour expliquer l'idée de "vie après la mort" dans les religions. Alors ne pas avoir d'âme, est-ce un avantage ou un inconvénient? A part être embarrassée, l'héroïne devrait avoir son idée là-dessus, non? Et si vous avez une définition très particulière de ce qu'est une âme, mais que vous faites évoluer vos persos dans un univers victorien avec des fantômes, il va falloir l'expliciter, non?

Moralité: faites attention lorsque vous introduisez de grands concepts, comme la Religion, la Mort etc... à moins que vous n'ayez spécifiquement décidé d'en parler. Ce ne sont pas des éléments de décor! Les elfes, fées et lutins sont beaucoup plus faciles à manier.

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A
Le problème, c'est que la bitlit est truffée d'incohérences de ce genre, surtout la bitlit américaine, mais ces bouquins ont un succès fou!
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E
:(
E
J’ai bien ri avec la nécromancienne incapable de communiquer avec les morts, ou bien encore le démon qui ne va pas en Enfer ^^ Effectivement, certains concepts sont à manier avec précaution, c’est bon de le rappeler...
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