Le Sanglier, sortie le 25 Février aux éditions Booxmaker
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J'ai le plaisir de vous annoncer la sortie du "Sanglier" le 25 Février aux éditions Booxmaker. C'est une nouvelle au croisement entre la medfan et le yaoi.
Présentation de l'éditeur:
Conrad, dauphin du roi, n’aspire qu’à la paix et aux études. Mais la mort de son père le propulse rapidement sur le trône, et lui ouvre les yeux sur les nombreux complots qui rodent. Malgré cela, il ne peut ignorer le trouble que lui inspire l’un de ses écuyers, un jeune homme aussi timide que brave : Gauthier. Ce fils du peuple parvenu au service du roi grâce à un travail acharné, n’ose s’avouer l’attirance qu’il éprouve pour son souverain. Mais l’amour peut-il fleurir entre un roi et son écuyer ? Vivront-ils assez longtemps pour l’apprendre au milieu des intrigues ? La réponse tombera lors d’une fatidique partie de chasse…
Ce nouveau récit de Alex Evans nous entraîne dans les méandres des intrigues qui se trament derrière le dos d'un jeune souverain inexpérimenté, en proie à ses premiers émois amoureux. Le Sanglier est un livre aux personnages attachants de sensibilité plongés dans un univers rustre et violent.
J'ai déjà écrit on avis sur ce qu'on qu'on appelle "Yaoi" en France, ici. J'ai centré mon histoire sur un aspect du Moyen-âge qu'on oublie souvent dans notre culture écolo moderne: la chasse. Et non, les gens de l'époque n'aimaient pas "la nature" autant qu'on aimerait le croire et la nature le leur rendait bien! Pensez au nombres de contes qui se déroulent dans une sombre forêt! D'ailleurs, ce récit s'inspire d'un conte bien connu que je vous laisse trouver...
Petit extrait:
Le jour déclinait. Conrad s’arracha à sa lecture et vint s’accouder à la fenêtre pour s’accorder quelques instants de repos. Dans la cour des communs, en contrebas, des hommes, torse nu par cette journée d’été, déchargeaient un chariot de bagages. Les domestiques d’un visiteur sans doute. Il y en avait tellement qui allaient et venaient dans ce haut lieu d’étude : fils de noble ou de marchand venus acquérir un vernis de connaissance, futurs mages férus de science, voire même un fils de roi ! Les serviteurs riaient et plaisantaient, heureux d’avoir bientôt fini leur journée de labeur. L’un d’entre eux, un géant aux cheveux d’un noir de jais, attira son attention. Il avait des mouvements incroyablement fluides pour un homme de cette taille. La lumière rasante du soleil soulignait ses muscles alors qu’il chargeait sur son épaule le dernier coffre. Conrad aima la façon dont il se cambra à ce moment-là. À cette distance, il ne pouvait vraiment distinguer son visage. Un autre serviteur lui lança une plaisanterie et il éclata de rire, un rire franc, chaud et grave, qui alluma une tension familière dans ses reins. Cela le surprit. Il n’avait pas l’habitude de réagir de façon aussi primaire. En bon lettré, il maitrisait mieux que ça les élans de la chair ! Il devait être vraiment fatigué. À ce moment, les hommes remirent leurs tuniques. Elles arboraient trois lions rampants brodés sur la poitrine. Il se figea : les armes de la Maison Royale ! On frappa deux coups brefs à la porte et un jeune élève s’encadra dans l’embrasure :
— Maître Conrad, il y a... des visiteurs pour vous.
— Quel genre de visiteurs ?
— Ils n’ont pas voulu dire leur nom, mais ils ont un train de grands seigneurs. Il y en a toute une troupe. Ce sont des Avellans.
— Je viens.
Le garçon referma la porte. Conrad se leva lentement, comme si un poids s’était abattu sur ses épaules. C’était vrai, d’une certaine façon. Si ses compatriotes venaient le voir en grande pompe, ce ne pouvait signifier qu’une seule chose : sa vie d’étude était finie. Il descendit lentement vers la salle où l’on recevait les visiteurs. Il marqua un temps d’arrêt devant la porte, puis prit une profonde inspiration, se redressa de toute sa taille et poussa le battant. Il reconnut immédiatement les trois hommes, bien qu’il ne les ait pas vus depuis près de dix ans : le Duc Ganel, son oncle, Foucaud, le Héraut Royal et le Grand Sénéchal. À son entrée, ils se levèrent, mirent chacun un genou en terre et prononcèrent d’une seule voix :
— Longue vie au Roi !
Il sentit presque son cœur ralentir, comme gelé dans sa poitrine. Il savait que ce moment viendrait tôt ou tard, mais à son goût, c’était encore trop tôt. Il dit d’une voix qu’il parvint à garder ferme :
— Ainsi, mon père est mort.
— Oui, Sire, lui répondit son oncle d’un ton solennel.
— Comment ?
— Il est tombé brusquement malade. Les mires ont été impuissants.
Les Avellans étaient économes en paroles et totalement ignorants en médecine. Conrad savait qu’il n’en dirait pas plus. À sa grande surprise, il sentit les larmes lui monter aux yeux. Il n’aurait jamais cru avoir une telle réaction à l’annonce de la mort de son géniteur. En dix ans, ils avaient à peine échangé vingt mots et trois lettres. Il détestait le vieux roi rigide et autoritaire avec tout ce qu’il représentait. Il s’était exilé dans cette université, loin de son pays, de ses luttes de pouvoir et des reproches de son père, déçu de voir que son fils n’était pas une brute comme lui-même. Et voilà qu’à l’annonce de sa mort, il avait envie de pleurer.
— Bien. Nous discuterons demain, mes seigneurs. Ce soir, je ferais le deuil de mon père comme il sied.
Les trois hommes se relevèrent et sortirent en silence.