Pour l'honneur des Mérina, sortie le 09 Avril chez Voye'l, Collection E-Courts
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Bon ben encore une sortie, cette fois dans la collection E-Courts de Voye'l. Même si elle ne va sortir que dans quelques jours, c'était la deuxième nouvelle que j'avais soumise à un éditeur, il y a un an.
Résumé de l'éditeur:
La famille d’Améyo est ruinée, et fortement endettée. Devant le renoncement de sa belle-mère et de ses belles-soeurs, la jeune fille décide d’invoquer le fantôme de son grand-père. Il pourra peut-être lui dire où se trouve la pieuvre des Mérina. Ce joyau perdu de la famille leur permettrait de rembourser toutes leurs dettes.
Sauf que ce n’est pas le bon grand-père qui apparaît…
C'est une histoire plutôt "pour ados", pas d'hémoglobine, une héroïne bien élevée... Les problèmes, comme d'habitude, sont ailleurs!
Cette histoire m'a surtout permis d'introduire, avant Le Baiser du scorpion ou les aventures de Vif-argent, un de mes décors favoris: la Cité Près de la Mer. Oubliez les landes brumeuses et pluvieuses, les châteaux-forts de pierre grise, les seigneurs féodaux bruts de décoffrage... Nous partons au Sud, sur la Mer de Saphir. Un paysage tropical, luxuriant, rythmé par deux saisons: les pluies et la saison sèche. Que ce soit la mer, la lagune, ou les pluies, l'eau est partout. Les personnages peuvent réellement se promener en bikini!
Par les portes Nord de la cité, arrivent des caravanes de chameaux chargées de marchandises lointaines, certaines fort étranges. Sur le Port, au Sud de la ville, accostent des centaines de navires aux cargaisons exotiques, certaines des plus curieuses.
Parmi la population métissée de la cité, point de féodaux coincés ou de guerriers psychorigides (ou alors, seulement de passage). Des marchands rusés qui ont parcouru le monde sur leur navires et leurs caravanes, des lettrés pinailleurs, des savants sceptiques et comme partout, des pauvres, des escrocs, des truands et des assassins. Point de loups, d'ours ou de dragons non plus. Les prédateurs sont des crocodiles, des tigres, des requins, des krakens, sans compter ceux qu'on ne voit pas: serpents, scorpions, méduses...
Et bien sûr, cette ville plusieurs fois millénaire, abrite son lot de mystères, de secrets, de fantômes, momies, esprits, génies, démons et bien d'autres encore...
Bienvenue à la Cité Près de la Mer.
Petit extrait:
— Tiens, ma fille, voilà ton argent ! Cette dentelle est magnifique. On croirait vraiment qu’elle a été tissée par une araignée. Tu ne veux pas venir travailler pour moi à Houmazi ? Le roi prépare le trousseau de ses sept filles, il y a du boulot pour les quatre prochaines années !
Améyo baissa les yeux.
— Ce serait avec plaisir, mais mes parents ne m’autoriseront pas à partir aussi loin…
La marchande de tissus claqua la langue :
— Je comprends ça. Je vois bien à ta façon de marchander que tu es une fille dégourdie,
mais tu as la naïveté et la fougue de ton âge. J’ai moi-même une gamine de seize ans et je ne la laisserais certainement pas aller toute seule de l’autre côté du Detroit.
Elle plia la dentelle et la rangea dans un coffre avec les autres avant d’ajouter :
— Enfin, si dans un ou deux ans tu changes d’avis, viens me voir là-bas, dans le quartier
des tisserands, derrière le Vieux-Port.
La jeune fille se hâta à travers le marché, indifférente à la chaleur et la poussière. Cinquante ronals d’argent. De quoi effacer l’ardoise du marchand de légumes et du
boulanger, ainsi qu’une partie de celle de l’apothicaire… Elle le dirait haut et fort la
prochaine fois que sa belle-mère la traiterait de bonne à rien, incapable de ramener de
l’argent, incapable de cuire un oeuf…
Elle se sentait encore plus légère en sortant de chez l’apothicaire. Ça faisait du bien de
payer ses dettes… même si à côté de la montagne qu’elle avait héritée de son père et même de son grand-père, ce n’était qu’un grain de sable.
En arrivant aux palmiers qui bordaient la Voie des Vents, la plus grande artère de Jarta,
son chemin fut coupé par un attroupement. Un convoi venant du Port essayait tant bien que
mal de se frayer un chemin. Elle toucha poliment l’épaule du badaud devant elle :
— Excusez-moi, qu’est-ce qui se passe ?
— C’est le Narval, le navire d’Anjani. Il est revenu de son voyage au Lointain Continent.
Regarde ! Il a ramené des autruches apprivoisées, des serpents à fourrure, des crapaud-pierres et bien d’autres merveilles… Son père les exposera demain au Palais des Trente
Colonnes. Il y aura une grande fête avec un feu d’artifice…
Anjani ! Elle se dressa frénétiquement sur la pointe des pieds pour tenter d’apercevoir son
visage, en vain. Le beau capitaine était déjà loin devant, pendant que la foule se pressait
autour des cages d’animaux exotiques. Comme pour la moitié des jeunes filles de la cité, il
était son héros. Elle l’avait vu une fois, lorsqu’elle avait travaillé quelques jours comme extra à faire le ménage pendant une réception aux Trente Colonnes… Ironiquement, ce palais avait appartenu à sa famille autrefois. Ses premiers souvenirs d’enfant venaient de là. Les dessins d’oiseaux multicolores au plafond de sa chambre, la statue-fée qui scintillait dans la nuit et éloignait les cauchemars… Mensah, un marchand riche et flamboyant, père d’Anjani, l’avait racheté et avait restauré sa splendeur. Les fêtes qu’il y donnait faisaient rêver toute la cité.