Prototype, stéréotype et autre type des années 1990: Mélanie Rawn, Robin Hobb et JRR Martin
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Je pense que tout le monde connait l'Assassin Royal (1995 aux US) ou Le trône de Fer (1996 aux US). Mais qui connait Dragon Prince (1988) et ses suites de Mélanie Rawn? Je crois que cette série de romans n'a été traduite en français que très récemment. Mélanie Rawn semble avoir cessé d'écrire après une dépression, mais tout de même, elle en a écrit une bonne quinzaine.
Si un jour, on écrit un livre sur l'histoire de la Fantasy des années 90, j'ai comme dans l'idée qu'on mentionnera que ce sont ses livres (de grands succès aux US, à l'époque) qui ont servi de prototypes aux deux autres.
Rappelez-vous (pour ceux qui le peuvent !): à la fin des années 80, presque tout le monde fait des copies de Tolkien: Shannara, la Roue du Temps... Il y a bien quelques exceptions, genre Glenn Cook, Mercedes Lackey ou les britanniques, mais ce n’est pas les plus gros succès. Et voilà qu'une nouvelle auteure écrit une histoire où il est question de tout à fait autre chose: la lutte pour le pouvoir au sein d'un royaume féodal, du sexe, des viols, des beautés manipulatrices, et... des dragons. Sérieusement, ça ne vous rappelle rien? L'histoire vue de temps en temps du PDV du méchant? Ah, oui, et j’oubliais une héroïne un peu féministe, un peu plus indépendante que d’habitude, avec un pouvoir spécial.
Il y a bien un précurseur… Les Dames du Lac de MZ Bradley (1983) : il y a déjà des luttes de pouvoir, du sexe… à la cour du roi Arthur avec un PDV résolument féminin, pour une fois.
Pour en revenir à nos moutons, Rawn, Hobb et Martin étaient en bonne place au rayon SFF de toute librairie anglo-saxonne de l’époque. Du coup, je les ai achetés ensemble. Déjà, j’ai trouvé que ces bouquins ressemblaient terriblement aux best-sellers de blanche sortis dix ans plus tôt, genre les romans de Sydney Sheldon (ex : Bloodline) ou Money de Paul Loup Sulitzer. Des riches et célèbres s’étripant joyeusement, avec, bien sur, du sexe pour décorer. Les persos avaient mis des costumes du Moyen-âge, avaient des pouvoirs spéciaux et des épées, mais à part ça, il n’y avait rien de neuf. Par contre, ça changeait des clones de Tolkien, aux personnages bien fades, d’où le succès que l’on sait.
Autre chose qui m’avait frappée : la ressemblance de style entre ces trois auteurs. Là, je ne sais pas si ils ont lu le même manuel d’écriture, mais c’était terrible ! Cependant, c'était un style à assurer le succès populaire aussi: des phrases simples, sans chichis, ni vocabulaire compliqué. Pas de réflexions pseudo-spirituelle sur la vie, la mort ou le bien et le mal non plus, pas de grande quête ou de long voyage, pas de grand méchant qui veut détruire/dominer le monde. L'environnement devint familier, un peu comme si on restait dans son appartement devant la TV, d'ailleurs, c'est aussi le début des sitcoms genre Friends. Bref, même si la fantasy semble être un genre totalement imaginaire où on peut s'échapper à la réalité, elle n'échappe pas à l'air du temps.
L'originalité de Martin, à mon sens, est d'avoir résolument enlevé le coté glamour et surtout d'avoir réellement multiplié les points de vue..
Loin de moi l’idée de traiter un de ces auteurs de plagiaire. Ce que je trouve intéressant ici, c’est comment des idées qui paraissaient originales au départ se sont trasformées en canons du genre, puis sans doute bientôt en clichés ordinaires.