Le succès des genres de l'imaginaire
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Il parait que les auteurs des romans les plus lus en ce moment sont des auteurs de fantasy, surtout Rowling, Martin et Tolkien ( http://www.toptoptop.fr/top-20-des-livres-les-plus-vendus-au-monde.html, http://bibliobs.nouvelobs.com/web-side-stories/20121123.OBS0354/quels-sont-les-10-livres-les-plus-lus-dans-le-monde.html) . En ma qualité d'auteur de ce genre, je ne peux que m'en réjouir. En ma qualité de lecteur... Ça m'interpelle.
Certes, la sfff étudie les problèmes existentiels de façon symbolique. Mais nombre de romans qui se passent dans le monde réel, le font aussi. Alors quoi? Il n'y a plus d'auteur de blanche capable de mobiliser les foules, genre Follett, McCullough, Clavell ou même Grisham ou Crichton? Ou bien les gens préfèrent définitivement un monde imaginaire? Pour les lecteurs francophones qui disent en chœur "la réalité est trop moche", je répond, "allez donc vivre comme un paysan du Moyen-âge, dans une hutte au Bangladesh ou dans un pays en guerre pendant six mois, ça vous changera les idées". D'ailleurs, les Follet, McCullough, Clavell etc... décrivaient un monde beaucoup moins confortable que la France d'aujourd'hui!
À coté, quasiment tous les best-sellers indiens se déroulent dans le monde réel! http://www.amazon.in/gp/bestsellers/books/ref=nav_shopall_sa_menu_books_bestsellers/280-9279705-3625966
Ce que nous lisons en dit beaucoup sur nous. Notre monde réel, confortable, avec eau courante, antibiotiques, et un minimum d'assistance sociale ne ferait-il plus rêver? Que dire des indiens, alors?
Une remarque en passant: les romans des Follett, Clavell, Crichton et compagnie nécessitaient énormément de documentation, et ce, à une époque où Internet était peu ou pas développé. Autant pour le cliché du roman populaire qui s'écrit en une après-midi, sur un coin de table. À coté, un monde entièrement imaginaire peut s'écrire sans aucune documentation (même si je ne recommande pas)... Alors, un effet de flemme?
L'engouement pour la SFFF est non seulement frappant chez les adultes, mais aussi chez les enfants et ados. Certes, les contes ça a traditionnellement été considéré comme le domaine de l'enfance, mais tout de même: moi, "de mon temps", il y avait Le Club des 5, Fantomette, Langelot... bref, des histoires ancrées dans la réalité, même si elles étaient bien roses. De nos jours, les histoires pour enfant se déroulant dans le monde réel sont sujettes aux suspicions les plus diverses: ne sont-elles pas trop violentes? Sexuées? Contraire à la théorie du genre (quel que soit le sens qu'on veuille lui prêter)?
Bref, la réalité ne ferait-elle pas un peu peur?
De plus, la SFFF actuelle, que ce soit Harry Potter, Le Trône de fer ou les romans de Stephen King, ne font pas vraiment dans l'optimisme et les bons sentiments. Les lecteurs semblent avoir besoin d'acheter un livre pour se faire peur. Perso, il me suffit d'acheter un journal. Les romans de Tolkien, écrits il y a cinquante ans et plus, sont les seuls à véhiculer des valeurs aussi désuètes que le courage, l'amitié, l'honneur, la morale etc... Cette situation est aggravée en France par la tradition qui veut que plus un roman est pessimiste, plus il est sérieux...
Il reste néanmoins deux genres littéraires au succès phénoménal et encore majoritairement ancrés dans la réalité: la romance et la "romance érotique". En ces temps de crise, pas de surprise: le thème majoritaire de ce type de récit, aux US, c'est Cendrillon: la secrétaire/vendeuse/chômeuse au niveau d'éducation minimal qui épouse un milliardaire (avec l'inflation, un millionnaire, ça fait pauvre). Une particularité de ce genre d'histoire, c'est que vous êtes sur qu'elle se termine bien!
Un autre genre "plus sérieux" est le YA. D'où peut-être son succès auprès de lecteurs qui ne sont plus YA depuis longtemps!
Enfin, une autre exception, française, cette fois: Marc Lévy et Guillaume Musso: classés en blanche, ancrés dans le réel, malgré un peu de fantastique, leurs romans possèdent une dose d'optimisme qui ne peut que les placer dans un genre "pas sérieux".
À ce stade, on peut se demander si ce n'est pas la littérature blanche qui est en crise.