Aides visuelles: cuisines et cachots

Les cuisines sont un décors rarement utilisé en fantasy. Dommage, car il s'y passe plein de choses. Des potins aux poisons versés discrètement, des denrées exotiques amenées de lointaines contrées aux mélanges alchimiques et délicieux, ce sont des endroits magiques. Alors pour avoir une idée, voici les cuisines de Hampton Court, le palais de Henri VIII, bâties en 1530 et destinées à nourrir midi et soir la Maison Royale (environ 600 personnes en temps ordinaire). Naturellement, les serviteurs mangeaient plutôt du gruau ou de la soupe qu'un paon rôti, mais ils étaient quand même bien nourris et buvaient de la bière, pas de l'eau (seuls les très pauvres buvaient de l'eau, pleine de germes et de parasites).

Les cuisines elles-même étaient organisées avec précision, avec des zones de préparation, des zones de stockage spécialisées par type de produits (épices, noix, farine...), des zones de rangement pour les ustensiles, bois, charbon etc... Les gérer, demandait des dons certains de manager, comme pour un restaurant moderne (et peu de cantines/restaus ont à fournir 1200 repas/jour sans surgelés...), mais avec les moyens de l'époque.

Un relevé de comptes du temps d'Elizabeth I rapporte une consommation annuelle de 1240 boeufs, 760 veaux, 8200 moutons, 1870 cochons, 2330 cerfs et seulement 53 sangliers, sans compter près de 2 700 000 litres de bière!

La spectaculaire cheminée pour faire cuire un boeuf et une petite douzaine de poulets à la broche. les assiettes en étain, possiblement toxiques (plomb) par les standards modernes.

La grande salle avec la grande cheminée, les pièces de préparation et l'extérieur

Les Cachots

Contrairement aux cuisines, les oubliettes sont un endroit qu'on trouve souvent en Fantasy, aussi bien que dans d'autres romans. Celui qui rendit vraiment ce décor populaire fut Alexandre Dumas, qui y plaça une partie capitale de l'intrigue du Comte de Monte Christo.

Alors voici celles de la Conciergerie qui fut pendant des siècles le siège de la justice royale: environ 3x3m, contenant souvent plusieurs prisonniers, sans chauffage, sans éclairage et bien sur, sans toilettes. Et j'aillais oublier puces poux et autre gale!

Attention, si vous ou votre famille aviez les moyens de payer, vous pouviez jouir d'une cellule plus grande, avec des meubles, des bougies et un pot de chambre. C'est ainsi que le Marquis de Sade, condamné à mort pour pédophilie, ainsi que le viol et le meurtre de quelques servantes, eut une détention beaucoup plus confortable qu'un simple voleur (de plus, grâce à l'influence de sa famille, il ne fut jamais exécuté).  

Le bureau du concierge qui enregistrait les prisonniers à l'arrivée, les escaliers, couloirs et portes

Le cachot standard, le même, mais photographié sans flash en plein jour, la chambre deux étoiles, le cachot trois étoiles et le cachot VIP de Marie-Antoinette, avec en permanence, deux gendarmes à l'intérieur.

Comments

[Claire]

Bonjour Alex,
encore un de tes articles que je range précieusement dans ma boite à outils d’apprentie scribouillarde. Merci !!!
Juste une remarque en passant, il y a quand même un auteur de fantasy qui intègre les cuisines dans tous ses romans, Robin Hobb. Mais, il me semble avoir lu quelque part qu'elle avait une formation d'historienne.
Bonne journée
Claire

[Alex Evans]

Bonjour,
Je suis contente de voir que ce blog sert à quelque chose! Effectivement il y a Robin Hobb, mais aussi Raymond Feist et David Eddings au début de leurs sagas.
Bonne soirée!