Pourquoi les auteurs anglo-saxons dominent-ils la fantasy (ou la romance) en France ?
/image%2F0554885%2F201307%2Fob_9a153e24c98c092dd94ba1c52dc219d8_900-zamorskie-gosti.jpg)
Attention, le blog déménage! à partir du 15 Octobre 2016, rendez-vous sur :
Pourquoi les auteurs anglo-saxons, même mal traduits, dominent la fantasy (ou la romance) en France ? On a avancé beaucoup de choses, peu de lecteurs, dominance de la langue anglaise, marketing massif etc… alors, je ne peux m’empêcher de mettre mon grain de poivre.
Je n’ai pas l’impression que ces mêmes auteurs de langue anglaise dominent la fantasy japonaise. De même, si vous allez au rayon fantasy d'une librairie russe, vous y découvrirez autant de bouquins autochtones que de livres traduits de l'anglais.
Alors pourquoi ? Ma réponse perso est que les anglo-saxons n’ont pas peur du… ridicule.
Ils n’ont pas peur de l’exagération, de l’hyperbole, des méchants très méchants, des gentils très gentils, de princesses très belles, de situations invraisemblables etc… OK, plus de neuf fois sur dix, ça donne un truc imbuvable. Mais une fois de temps en temps, ça donne une histoire sublime.
Sérieusement, vous imaginez en France, dans les années 50 (ou même maintenant) un prof d’université très chic écrire un livre avec des elfes, des nains et des orques ? Il n’oserait plus sortir de chez lui ! S’il écrivait un bouquin comme ça, il le publierait sous un pseudo !
De plus, ces auteurs de langue anglaise sont très conscients du fait qu’ils écrivent des textes s'apparentant aux contes, qu’ils ne manipulent pas seulement la langue, de belles histoires, des univers... mais des mythes, des archétypes, bref, des symboles. Et ces symboles, consciemment ou inconsciemment parlent au lecteur. Aussi, les auteurs n'ont pas peur de lâcher leur imagination sans chercher le rationnel à tout prix. Alors oui, ça donne d'affreux récits grandiloquents, mais aussi des textes fabuleux qui finissent par être traduits en français. Une fois de plus, regardez le "Seigneur des Anneaux" ou "Conan le Barbare» et comparez avec la flopée d'mitations.
La plupart des auteurs français sont trop rationnels pour oser écrire des choses pareilles, voire trop formatés par leur éducation. Ce qui m'a frappé en faisant des béta lectures chez cocyclics, c'est que nombre d'auteurs là-bas n'avaient même pas l'air d'avoir conscience des thèmes qu'ils manipulaient. Du coup, ils passaient régulièrement à coté d'une foule de très bonnes idées à développer. Ou alors, ils cherchaient à développer une idée dans un style didactique et oubliaient complètement la dizaine d'autres qui allaient avec.
Les lecteurs, eux, continuent à apprécier les textes irrationnels et en redemandent...
Dernière chose… Je prends du recul, car je vais peut-être me faire bombarder de tomates pourries : les auteurs anglo-saxons sont conscients d’écrire de la littérature populaire. Aussi, ils utilisent un style et un vocabulaire facile à comprendre pour un lecteur « moyen ». Ok, il y a des exceptions, comme d’hab’, du genre Tolkien ou Pratchett, mais je parle du style habituel. À tel point que je me suis demandée à un moment si les auteurs US (encore eux) ne passaient pas par un stage de « formatage » : par exemple, les styles de Robin Hobb, JRR Martin, Lynn Fllewelling ou Mélanie Rawn sont très semblables (du coup, ça doit faciliter la traduction).
Les auteurs français, eux, me semblent être si obsédés par le style, qu’ils en oublieraient presque l’intrigue. Vous racontez une histoire, vous ne cherchez pas à démontrer votre connaissance du français! Alors un petit conseil : faites béta-lire votre prose par quelqu’un de pas trop intello ! S’il a au moins compris l’intrigue, c’est que votre texte est lisible !
Paradoxalement, le sens du symbole, du merveilleux, de l’hénaurme, se porte très bien dans un autre genre de littérature française : la BD. Et là, pas de concurrence anglo-saxonne ! Mais la BD, c’est pas fait par des écrivains…